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déjà, vous êtes ici pour ça. Hein, vous voyez ! on ne m’en fait pas accroire, à moi !

— Permettez, général, reprit M. Lemontier avec fermeté ; si je devais travailler à modifier les idées de mademoiselle La Quintinie, je m’en attribuerais le droit, n’en doutez pas, et ce droit-là, Émile ne pourrait jamais l’aliéner non plus pour son compte ; mais nous n’agirions pas à la manière des catholiques ; nous laisserions à Lucie liberté absolue d’écouter, de lire, d’examiner toutes les instructions et toutes les exhortations contraires aux nôtres. D’où viennent les erreurs invétérées selon nous ? Des croyances sans examen possible, sans discussion permise. Que les prêtres parlent et qu’ils nous laissent parler, nous ne demandons pas autre chose.

— Cependant… Émile lui a déjà persuadé de renvoyer d’ici son directeur de conscience, un homme excellent, dévoué… qui l’autorise à se marier, pourvu que le mariage soit chrétien et convenable.

— Je vous jure, monsieur, que mon fils n’a rien conseillé à mademoiselle La Quintinie, et que M. l’abbé Fervet…

— Vous savez son nom ?

— Oui, général, je sais beaucoup de choses qui le concernent, et la preuve que, tout en travaillant à combattre son influence, je ne désire pas l’empêcher de travailler contre la mienne, c’est que j’ai demandé à M. de Turdy de lever la sentence de bannissement, et à mademoiselle Lucie de faire bon accueil à votre protégé.

— Est-ce vrai ?… Allons ! c’est agir en galant homme, il n’y a pas à dire ! Je vais conseiller au capucin de déguerpir et faire prier l’abbé de reparaître.

— Quant au capucin, dit M. Lemontier avec une malice grave, prenez garde !… M. l’abbé Fervet comptait