Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/263

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’abbé de le confesser et de l’absoudre ; ce qui fut fait en l’oratoire du comte de Luiges, à Chambéry, le lendemain matin. L’abbé Fervet n’avait jamais cessé de confesser les hommes.

Dès ce moment, le général, heureux d’avoir trouvé une volonté à mettre à la place de la sienne quand celle-ci chancelait, et un homme de mérite et de science à opposer à ce qu’il appelait l’ergotage philosophique d’Émile, appartint corps et âme à son ancien persécuteur, à son ancien ennemi, à l’homme dont l’influence spirituelle avait failli empêcher son mariage et soulevé depuis, dans son cœur incertain et troublé, des tempêtes d’indignation et de jalousie.

Pendant ces opérations de l’abbé, le capucin était en route. Il était appelé pour prendre connaissance d’une propriété que Moreali avait commencé à marchander et qu’il voulait savoir appropriable aux desseins de l’anachorète. Moreali hésitait maintenant dans la réalisation de ce projet en voyant la résistance de Lucie à un projet analogue ; mais il espérait que l’éloquence fougueuse et l’aspect fascinateur du saint agiraient sur elle.

Le jour de l’expiration de la fameuse trêve imaginée par Moreali pour donner à Onorio le temps d’arriver, un frère quêteur se présenta à la porte du manoir de Turdy. On le fit entrer dans les cuisines. Le général était averti, il ne bougea pas. Misie, habituée aux charités de Lucie et prévenue d’ailleurs par Moreali, qui disposait de ses étroites convictions, alla demander à sa jeune maîtresse ce qu’il fallait donner au religieux mendiant. Lucie était dans la bibliothèque avec M. Lemontier, arrivé depuis peu d’instants. On était en train de servir là le souper du grand-père, qui était assez bien pour sortir de sa chambre, mais encore trop faible pour descendre au salon.

Quand Lucie, tout en causant avec M. Lemontier, eut