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et l’efficacité de la pénitence ! À vous, qui portez si haut la tête, les hontes et les châtiments sans appel de la vie mondaine ; mais à nous, qui, bafoués et avilis par vous, rampons sur nos genoux parmi les ronces, le baume efficace de la sanctification et les triomphes de l’éternité ! »

Je te donne un résumé de sa sortie ; je ne cherche point à en traduire l’éloquence. Il fut vraiment beau d’attendrissement et de conviction exaltée. Tout son corps tremblait, sa main blanche était livide ; son regard, enflammé et mouillé tour à tour, supportait héroïquement l’attention du mien. Il est impossible de s’avouer coupable sans une souffrance profonde. Cette souffrance était en lui, mais elle ne le rabaissait pas, et, sans me reprocher de l’avoir forcé à cette sorte de confession, je n’eus aucune envie d’en profiter pour le mortifier davantage. Je détachai tranquillement de mon bras sa main qui s’y était crispée, je la ramenai sur sa poitrine, et je lui dis :

« Votre doctrine de la réhabilitation par l’expiation est la seule belle, la seule bonne, la seule vraie : c’est celle du Christ ; mais elle est mienne autant que vôtre. Elle passera un jour dans l’esprit des sociétés et des législations ; elle y passera par une nouvelle prédication de l’Évangile, dont vous n’aurez pas, dont vous n’avez déjà plus le monopole, vous qui prétendez être les seuls apôtres de la vérité et les seuls réformateurs autorisés par la révélation. La parole de Jésus est l’héritage de tous, et tout homme qui l’a comprise peut racheter ses propres fautes ou effacer par la charité celles de son semblable. Si, comme je le crois, vous avez un poids sur la conscience, ne voyez donc pas en moi un juge sans merci. Je vous absous de votre déguisement ; et j’ai déjà pris des mesures pour empêcher que votre véritable nomme fût divulgué ; mais, en revanche, j’exige de vous