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de Rome, du moins rien ne l’annonce comme un dévot de grand zèle ou de grande importance.

Émile en fait cas. Je ne saurais dire qu’il me soit très-sympathique malgré ses bonnes manières et son langage choisi. Je lui trouve un air de préoccupation et la plaisanterie aigre-douce.

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MOREALI À LUCIE.

…M. Émile est un honnête caractère et un esprit loyal ; mais les hautes lumières de la foi lui ont manqué, et son jugement est peut-être faussé sans retour. Il rejette des points essentiels, et vous ne pourrez jamais vous entendre avec lui sans rompre avec l’Église.

…Mais, puisque ses défiances s’effacent, puisque je peux vous voir souvent tous les deux, je ne me découragerai pas sans avoir tout essayé pour le ramener dans le droit chemin. Seulement, il nous faudrait votre aide, et vous la refusez à monsieur votre père et à moi. C’est là ce que je ne puis comprendre. Expliquez-vous, je vous en supplie. Vous dites que vous discuterez avec ce jeune homme, que vous plaiderez la cause de votre liberté de conscience. Je ne sais si vous le faites. Vous semblez consentir maintenant à nous laisser agir en voyant que M. Émile se prête avec moi de bonne grâce à la conversation ; mais vous vous opposez à ce que je parle en votre nom, à ce que je déclare que non-seulement vous voulez garder votre foi, mais encore conquérir à Dieu la sienne ! Je ne vous comprends plus, Lucie, et, si vous ne me rassurez bien vite, je croirai que vous subissez une passion funeste, un aveuglement, un piége de l’ennemi. Vous n’espérez pas sans doute sauver votre âme par ce chemin-là. Votre conscience n’admettra jamais