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L’Histoire de Sibylle est le roman d’une âme ; Mademoiselle La Quintinie est l’histoire d’un prêtre, avec toute la rigueur de ses déductions et tous les développements que la pensée du livre comporte. Nous ne faisons pas l’apologie de l’esprit clérical, tel n’est pas notre point de vue ; nous n’en faisons pas non plus la satire, tel n’est point notre but. Entre les deux manières d’envisager la véritable question du temps présent, il y en a une beaucoup plus facile à éluder qu’à résoudre, c’est l’examen. Établir la lutte entre la foi et l’athéisme, ou bien mettre aux prises la sincérité et l’hypocrisie, c’eût été s’armer contre des questions vidées à fond, plaider des causes gagnées sans retour. Le progrès des lumières a repoussé et annulé l’athéisme ; sa mort, c’est la liberté de discussion. Le progrès de la morale publique a tué l’hypocrisie ; sa ruine, c’est l’impunité que le mépris décrète.

Mais il n’y a pas que Tartufe et Canapée en cause par le temps qui court. Il y a l’humanité qui cherche sa voie et qui flotte entre le prêtre et le philosophe, entre le passé et l’avenir. Il y a la conscience de tous et de chacun, qui veut savoir où elle est et où elle va, et cette conscience universelle peut fort bien se résumer dans un exemple, se concentrer dans une figure, devenir un personnage de roman en un mot, pour demander au monde sérieux comme au monde frivole la solution du problème posé dans tous les cœurs, dans tous les esprits, dans toutes les réunions, dans toutes les solitudes, dans toutes les familles, partout en un mot, la solution du problème religieux.

Les catholiques de ce temps-ci, parmi lesquels se range courageusement M. Octave Feuillet, se contentent de la solution trouvée par l’Église romaine à la suite d’élucubrations en commun appelées conciles. Les décisions de ces assemblées du clergé présidées par les papes se sont attribué l’infaillibilité, et, pour être orthodoxe, il faut s’y soumettre. Pourtant, ces institutions choquent sur beaucoup de points non-seulement la raison, mais le cœur et la conscience des hommes. Pour ne citer qu’un des articles de foi de l’Église, nous demanderons si l’esprit de Dieu est en elle lorsqu’elle