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qu’elle ne saurait pas bien jouer. Je suis peut-être injuste, ne crois pas rigoureusement ce que je te dis là ; mais il faut bien que tu saches pourquoi je ne me sens porté à aucun abandon envers elle, tandis que sa mère est toujours la même pour moi.

Celle-ci m’a appris que Lucie s’était fort inquiétée de me savoir malade, ou plutôt de m’avoir su malade, car on ne lui a dit ma fièvre que quand j’ai été hors d’affaire. Et puis, en apprenant mon départ, elle s’est évanouie, et elle t’a écrit ensuite une lettre qu’après réflexion elle n’a plus voulu t’envoyer. Que s’est-il donc passé dans cette âme mystérieuse ? Pourquoi, si elle m’aimait, avoir agi de manière à me désespérer ? Il est impossible de soupçonner en elle la moindre perfidie, et jamais femme n’a ignoré plus complétement les coquetteries du caprice. Elle subissait une influence… L’a-t-elle définitivement secouée ? Ah ! qu’il me tarde de pouvoir être seul avec elle et avec le grand-père, devant qui elle peut dire tout ce qu’elle pense ! — Sois pourtant bien tranquille sur mon compte, et, si Henri t’écrit que je suis trop agité, n’en crois rien. Henri ne sait pas ce que c’est que les bienfaisantes consolations et les vivifiants conseils d’un père comme toi.

Ton Émile.




X.


LUCIE À M. MOREALI, À CHAMBÉRY.


Turdy, le 9 juin.

La voici, cette grande confidence ! Soyez assuré qu’elle est aussi nette et aussi sincère qu’une confession.