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Suis-je destiné à l’horrible épreuve de vous voir quitter le commerce des anges et les voies du bien éternel ?

Quelques expressions de ma dernière lettre ont eu le malheur de vous déplaire. Je ne sais lesquelles ; mais, si elles portent la plus légère atteinte au noble attachement que je vous ai voué, je les retire et les désavoue. Il faut me pardonner d’être devenu un peu sauvage dans la retraite où j’ai passé ces derniers temps, auprès d’un de ces esprits de forte race qui ne connaissent pas les ménagements, parce qu’ils se placent de droit au-dessus des vaines convenances.

Et puis cette langue italienne, dans laquelle j’ai pris l’habitude d’écrire et de penser, est aussi plus primitive que la nôtre dans ses allures. Elle définit mieux les cas de conscience, elle épargne moins les susceptibilités de la pudeur. J’ai à me corriger et à me reprendre, d’autant plus que, par nature, j’ai le malheur d’être un homme de premier mouvement. Pardonnez-moi donc, Lucie ; épargnez-moi le calice de perdre votre amitié et de ne plus pouvoir travailler efficacement avec vous à l’œuvre bénie de votre salut éternel.

Votre ami M…




VIII.


HENRI VALMARE À M. H. LEMONTIER, À PARIS.


Aix en Savoie, 8 juin 1861.

Monsieur et ami,

Je sais que vous avez déjà reçu des nouvelles d’Émile depuis son retour de Lyon, et je viens seulement, d’après