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année de médecine, je la trouvai très-changée ; elle avait encore embelli. Sa santé délicate s’était raffermie ; elle travaillait sérieusement à devenir une personne instruite. Un talent qui avait germé sourdement en elle s’était révélé tout à coup, elle était musicienne et jouait du piano d’une façon exquise. J’adorais la musique, je la sentais vivement. Je jouais un peu du violon, je pris un plaisir extrême à entendre ma sœur, et je lui promis de travailler désormais dans ce sens afin de pouvoir jouer des duos avec elle.

Nous vivions très-agréablement, ce qui ne nous empêcha pas d’aller avec joie reprendre notre état d’aubergistes sur la croupe du mont Bergonz. Ma mère tenait beaucoup à faire prospérer cet établissement ; elle espérait, je crois, que mon père se retirerait de son industrie occulte et que nous serions assez riches avec le produit annuel de cette auberge, ou de quelque autre plus importante du même genre que l’on pourrait créer.

Mais, au bout de la saison, elle reconnut que ce n’était point là une position convenable pour Jeanne. Jeanne était devenue trop grande et trop charmante ; elle était trop remarquée. On ne venait plus chez nous pour l’ascension du pic de Bergonz ; ce n’était qu’un prétexte pour voir mademoiselle Bielsa et tâcher de