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« À présent, mon ami, tu sais de reste pourquoi j’ai cessé avec soumission et respect de prétendre à la main de celle que tu regardais comme ta sœur. Elle a dû te dire que, me voyant très-affecté de son hésitation et connaissant la solidité de mon caractère, elle avait daigné me confier le secret de sa naissance et celui de son attachement pour toi. Présente-lui l’hommage d’un éconduit qui sera toujours pour elle et pour toi l’ami le plus dévoué.

» Quant à moi, j’ai disposé de ma destinée. Après avoir disparu de Montpellier pendant quatre mois, j’y suis revenu marié avec une bonne, jolie et aimable personne que tu connais. Je l’ai enlevée la veille de son mariage avec cet excellent et chevaleresque Anglais, qui m’en veut peut-être et qui a grand tort, car je crois lui avoir rendu le plus grand service qu’un homme puisse rendre à un homme, celui de le préserver d’une folie aussi funeste que généreuse. Je me suis trouvé avec eux dans les mêmes relations que toi, avec cette différence que je ne m’étais pas follement attaché à l’un et à l’autre et que je n’ai bâti pour mon compte aucune espèce de roman. J’ai constaté les faits sans m’en laisser imposer par les apparences ; d’une part, un homme rassasié d’émotions violentes, arrivé au besoin du repos, préoccupé avant tout d’un senti-