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jeune fille, que le marquis avait chassée, disait-on, sans motifs, dans un accès de colère. On n’avait plus entendu parler d’elle.

Je pus donc détruire les craintes de Jeanne et celles de M. Brudnel. Les bans furent publiés avec la joie de n’avoir plus à se séparer. On s’étonna beaucoup dans le pays ; mais notre position était si nette et si facile à prouver, Pau est une ville si exclusivement absorbée par l’exploitation des étrangers, ma mère et ma sœur étaient d’ailleurs tellement irréprochables et respectées, que l’étonnement n’eut rien de malveillant ni d’obstiné. M. Brudnel passa bien pour notre bienfaiteur, mais on n’attribua son attachement pour nous qu’aux soins que je lui avais rendus, et ce fait me mit vite en plus grande réputation que si j’eusse opéré des cures admirables. J’ai été depuis lors le plus heureux des époux, des fils et des pères, en même temps que le plus occupé des médecins. Nous avons pu acheter une maison plus vaste et plus rapprochée de la ville que le chalet de M. Brudnel et nous y réunir à notre meilleur ami, dont j’espère prolonger assez la vie pour qu’il bénisse ses petits-enfants ; mais je ne dois pas clore ce récit sans transcrire une lettre de Vianne, que je reçus à Pau quelques jours après mon mariage.