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» — Fanny ! cette jeune fille !… Expliquez-moi cette ressemblance ! Parlez-moi de Fanny Ellingston ! pauvre chère Fanny !

» Je ne voulus rien avouer avant d’avoir pénétré ses sentiments et connu les causes de son apparent oubli. Quand je fus bien sûre de lui, je lui révélai la vérité et lui remis ses lettres à Fanny avec celles qu’elle lui avait écrites de chez la Ramonde. Je lui montrai l’acte de naissance de sa fille et l’acte de décès de la mienne ; mais il n’avait pas besoin de ces preuves pour ne pas douter de ma parole.

» Tu vois bien que tu n’as rien à craindre de l’autorité de sir Richard sur Jeanne. Il ne peut ni la reconnaître ni l’adopter sans faire deviner le mystère de sa naissance. Elle est et sera toujours à nous.

— Hélas ! pas tant que tu crois, répondis-je tristement. La voilà engouée de ce père romantique et fatal, et comme en somme elle est libre, elle peut le suivre et l’appeler « mon père » en pays étranger. Je crois qu’elle le préférera bien vite à nous.

— Pas à moi ! reprit ma mère ; depuis que Jeanne sait sa propre histoire, sa tendresse pour moi s’est encore accrue ; nous ne nous séparerons jamais.

— Mais je te l’ai dit, et j’avais un pressentiment de la vérité, tu la suivras où elle voudra que tu la