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quelque chose de possible, je le ferai, mais seul, non avec toi.

» Il partit après m’avoir donné ses instructions détaillées et précises.

» Il avait un grand cœur, ton père le contrebandier, nous avons eu bien raison de l’aimer. Résolu, actif, prudent et audacieux, il mena son entreprise à bonnes fins. Il ne se présenta pas au château, on eût facilement reconnu le Moreno ; c’était son ancien sobriquet de berger. Il guetta Fanny, la joignit le soir dans le parc et lui persuada aisément de fuir avec lui. Le marquis était absent pour trois jours. Fanny s’était vivement querellée avec sa belle-mère le soir même.

» — Prenez ce prétexte, lui dit ton père. Courez chez vous, écrivez et laissez-y une lettre où vous direz que la haine de la marquise vous chasse et qu’elle ne vous reverra pas vivante. Rien de plus, rien de moins. On croira à un suicide, on vous cherchera autour de Mauville ; vous aurez le temps d’aller à Bordeaux sans qu’on soit sur vos traces.

» — Et après ? dit Fanny.

» — Après, on verra. Surtout n’emportez rien, ni effets ni argent. On ne fait pas de préparatifs quand on veut se tuer.

» Au bout, d’un quart d’heure, madame de Mau-