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j’espérais avoir une fille, lorsque je reçus de Fanny la lettre suivante :

« J’ai été bien coupable envers toi. Les malheurs et les fautes que tu m’avais prédits se sont réalisés. Mon mauvais destin s’accomplit. Je vais être mère, et l’absence de mon mari à l’époque de ma faute rend impossible la tentative de le tromper. — Viens à moi, accours, mon Adèle ! Jusqu’ici, j’ai pu cacher ma situation ; mais, dans quinze ou vingt jours, si R… ne vient pas et si tu m’abandonnes, je suis perdue. Je t’ai offensée,… raison de plus pour une âme comme la tienne !

» P.-S. — Je me promène tous les soirs au bout du parc, sous les cèdres. »

« Je voulais partir tout de suite pour Mauville ; par le bateau à vapeur, le voyage n’était ni long ni pénible. Bielsa s’y opposa.

» — Ta présence, me dit-il, ne ferait que confirmer les soupçons, s’il y en a, et il doit y en avoir. Le marquis est trop soupçonneux, la douairière est trop malveillante, les belles-sœurs sont trop jalouses pour qu’il n’y en ait pas. Il faut que les choses inévitables se passent hors du château. J’emmènerai la jeune marquise, je l’enlèverai, s’il le faut ; je la conduirai et je la cacherai ici près. Laisse-moi faire ; s’il y a