Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/290

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Oui, ce n’est pas mal. Eh bien, M. Vianne sait respecter et ne pourrait pas chérir. Tu tenais donc beaucoup à ce que je devinsse madame Vianne ?

— Cela te fixait près de nous. Qui sait où t’emportera l’enthousiasme de ta théorie ?

— Jamais loin d’elle ! répondit vivement Jeanne en montrant sa mère. Oh ! cela, jamais !

— Oui, très-bien, mais ta mère est capable de te suivre au bout du monde, et, moi qui vais me fixer ici et dont la profession est une chaîne, qu’y deviendrai-je sans vous ?

— Tu nous as pourtant quittées pour voyager, nous ne t’étions pas donc si nécessaires !

— J’ai été un sot et un malheureux de vous quitter ; je l’ai si bien senti, que me voilà revenu pour toujours.

— Tu le jures ? dit Jeanne en me regardant fixement ; jure-le !

— Je le jure, m’écriai-je ; vous m’avez ensorcelé, vous m’avez fait oublier tout ce qui n’est pas vous deux. Aussi me voilà comme toi, ma Jeanne : point de mariage et point d’amour, si ces tyrans passionnés ou tendres doivent nous séparer. Tiens, donne-moi messer Cupidon ; je veux faire serment sur sa tête d’abjurer à jamais sa tyrannie, et, s’il cherche à m’éloigner d’ici, tiens, voilà comment je le traiterai !