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XIV


La conversation de ma sœur était de plus en plus intéressante et comme nécessaire à ma vie. Elle me révélait un être nouveau, sorti des troubles de l’adolescence sans que j’eusse étudié ou compris ses crises de développement. J’avais trouvé chez Manuela, plus âgée et plus expérimentée, ce fond de niaiserie et de frivolité qui caractérise l’ingénue vulgaire. Jeanne était tout autre ; elle jugeait avec une hardiesse franche ce qu’elle n’avait point éprouvé, elle voulait pénétrer et comprendre. Sa jeunesse et la pureté de son existence n’empêchaient pas l’intelligente curiosité d’un esprit d’autant plus actif qu’il s’était plus longtemps replié sur lui-même. Je ne l’avais jamais interrogée sur le point le plus délicat de ses pensées ; un jour, le hasard amena de curieux éclaircissements sur ce point mystérieux.