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nous savons nous arranger, et je vois que tu n’as pas plus de besoins et de fantaisies que nous. Oui, oui, reste, et tu verras que tu seras heureux.

— Quand ce ne serait, dit Jeanne, que du bonheur que tu nous donneras.

— Voilà, lui répondis-je, une parole qui me déciderait, si j’étais incertain.

Je consommai donc dans ma pensée la rupture de mes relations médicales avec M. Brudnel, avec d’autant plus d’assurance que, si je devais, contre toute probabilité, devenir l’époux de Manuela, je devais en même temps songer à lui créer une existence indépendante des largesses de son protecteur.

Trois mois s’écoulèrent ainsi dans l’attente d’une solution. M. Brudnel, qui était toujours à Montpellier, écrivait souvent à ma mère. La santé de Manuela s’améliorait sensiblement. Du reste, pas un mot pour moi de la part de Manuela dans ces lettres, que ma mère refusait de me montrer, et, lorsque je témoignais quelque méfiance :

— Montpellier n’est pas si loin, me disait-elle, tu peux aller t’informer toi-même.

Savait-elle que c’était là ce que je redoutais le plus ?