Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/275

Cette page n’a pas encore été corrigée

fussent-elles pénibles, plutôt que de me trouver en désaccord avec ta conscience.

J’admirai la droiture et le courage de ma mère, car il m’était facile de voir combien elle désapprouvait mon choix. J’avais manifesté le désir d’aller voir M. Brudnel à l’insu de Manuela. Elle ne s’y opposa point.

Je ne le fis pourtant pas ; je remis même de jour en jour à écrire à sir Richard ; puis j’arrivai à me dire qu’il m’avertirait, s’il jugeait devoir conférer avec moi. J’éprouvais une extrême répugnance à lui faire des avances quelconques. Mes nerfs étaient pourtant calmés, ma bonne et douce vie de famille me rendait à moi-même ; le fantôme de Manuela s’effaçait comme un rêve. Il me semblait que, si elle consentait sans révolte à mon éloignement, c’est qu’après tout elle préférait les doux soins de M. Brudnel à mes violences. Enfin, chaque heure écoulée loin d’elle me semblait détendre le lien, et je ne pensais pas sans effroi au moment éventuel où, rappelé près d’elle, je serais forcé d’accepter la recrudescence d’affection et de reconnaissance que sir Richard avait dû lui inspirer. J’aimais infiniment mieux prévoir que ces tendres soins prodigués par lui seul la guériraient vite, et qu’elle se laisserait persuader de me rendre ma