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À ce laconique compte rendu, ma mère ajouta un commentaire non moins concis.

— Ainsi, me dit-elle, sir Richard pense qu’en cas de guérison Manuela doit devenir ta femme.

J’étais irrité contre sir Richard. Je répondis qu’il ne faisait que se rendre à ma propre décision, et que je ne comprenais pas que ma mère eût besoin de l’assentiment d’un étranger pour m’accorder le droit de faire mon devoir.

— Tu me blâmes ? dit ma mère avec un beau sourire fier et doux que je lui connaissais et qui la plaçait au-dessus de tous les soupçons. Tu verras que tu me donneras raison plus tard ; quant à présent, je n’ai rien dit, et c’est toi qui me fais parler. Je t’ai fait connaître l’opinion de M. Brudnel, je n’ai pas donné la mienne.

— Mais c’est la tienne, la tienne seule que je demande !

— Eh bien, la voici. Tout dépend de la conduite que tiendra M. Brudnel. J’ai la certitude qu’elle sera souverainement désintéressée et qu’il subordonnera toutes ses résolutions à l’état de santé de Manuela. Tu as compromis l’existence de cette personne, c’est à lui de juger si ta présence doit la perdre ou la sauver. Sache attendre. Je suis résignée, quant à moi, à accepter les conséquences de ton entraînement, me