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XIII


Le temps de l’attente se passa en visites que je dus rendre, et en promenades, où ma mère et Jeanne me prièrent de les accompagner. Jeanne autrefois absorbée par son travail, prit plaisir à sortir avec moi et à s’intéresser à toutes choses. Nous causions, et j’étais frappé de ses notions étendues. Depuis le collége, je n’avais guère causé à fond avec elle ; je puis dire que je ne la connaissais vraiment pas. Elle avait toujours vécu dans un monde intérieur où elle s’enfermait avec mystère ; elle en sortait maintenant, et c’était comme un beau lever de soleil sur la mer tranquille. Elle aimait à poétiser ses appréciations, mais elle riait elle-même de cette tendance et demandait grâce pour des rêveries dont on était séduit en l’écoutant, tant elle disait bien ce qu’elle voulait dire. Cette âme muette, qui avait si longtemps trouvé son