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Commande, je ne serai pas fâché de faire un peu le portefaix. Il y a si longtemps que je vis comme un prince ! Faut-il aller fendre du bois ?

— Pas encore, repose-toi aujourd’hui de ton voyage. Comment as-tu laissé ton digne patron ?

— M. Brudnel ? C’est vrai que tu le connais beaucoup à présent ?

— Mais oui ; il est venu nous voir deux fois, en allant à Bordeaux et en revenant ; cette fois-là, il est resté trois jours avec nous.

— En vérité ? Maman ne me disait pas cela ! Et tu l’as pris en belle amitié, mon digne patron ?

— En grande amitié, il t’aime tant et il est si bon ! Je t’avertis qu’on l’adore ici. Parle-nous donc de lui et de… la señora.

— Quelle señora ? dis-je en regardant ma mère avec stupéfaction. Jeanne ne peut pas savoir…

— M. Brudnel, répondit ma mère avec calme, nous a parlé de son intérieur. En trois jours, quand on est sympathique les uns aux autres, on se dit bien des choses. Il nous a confié qu’il avait chez lui une fille adoptive qui n’était point sa femme comme on le supposait, mais qu’il comptait épouser pour témoigner de son estime pour elle. Il m’a raconté à moi l’histoire de cette jeune personne, cela m’intéressait parce