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Tant pis pour moi ! Eh bien, refuse d’être mon mari. Ce n’est pas une raison pour ne pas m’aimer, puisque tu sais, toi, que je suis pure, puisque tu vois que je t’aime à en mourir. Je ne te demande que l’amour. Tout le reste n’est rien à mes yeux. Écoute, je te dirai plus. Je sais que tu m’aimeras mal, avec des soupçons toujours renaissants, avec le secret mépris de ma faiblesse, avec des jalousies insensées, des paroles cruelles, peut-être des moments de haine et de fureur. J’ai déjà vu ce qui se passe en toi, et je m’attends à tout. Eh bien, je suis résignée à tout. Aime-moi comme tu pourras, je m’estimerai encore heureuse ; ma vie aura un but, j’aurai vécu pour quelqu’un. Ne vois-tu pas que j’ai horreur de n’exister que pour moi-même ?

J’avais levé la tête, je la regardais. Jamais la sincérité n’avait parlé avec une conviction si enthousiaste et si profonde. Je tombai à ses pieds et je la contemplai en silence. Sa beauté était comme divinisée par l’héroïsme de l’amour vrai. Avec sa pâleur mate, que le reflet de la lune rendait bleuâtre, ses grands yeux noirs creusés par la souffrance et son sourire extatique, elle me fit songer à ces martyres que la peinture espagnole a su placer entre les tortures de la vie et les délices du ciel.