Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/205

Cette page n’a pas encore été corrigée

donnez-moi, je pars ; je vous écrirai de Bordeaux. À la hâte je vous serre les mains. »

J’avais à peine fini de lire que Dolorès vint me demander s’il n’y avait pas une lettre pour madame dans celle que je venais de recevoir.

— Les lettres qui me sont adressées passent donc par vos mains ? lui dis-je. Je n’ai rien pour madame ; mais monsieur me parle d’elle. Priez-la de me recevoir.

— Elle vous attend, docteur. Suivez-moi ; elle s’impatiente !

Je portai la lettre. Manuela me parut très-changée, et je lui témoignai quelque inquiétude.

— Ce n’est rien, dit-elle. Vous m’avez défendu la danse, et je ne m’en trouve pas mieux ; mais voyons donc la lettre ? Puis-je la lire ?

Elle la lut et la relut. Dolorès lisait tranquillement par-dessus son épaule, et, tout de suite après, elle exprima son opinion.

— Pas un mot de mariage, dit-elle en s’adressant aussi bien à moi qu’à sa maîtresse. Vous voyez bien qu’il n’y songe plus, si tant est qu’il y ait jamais songé.

Il me répugnait de fouiller avec cette personne dans les secrètes pensées de mon ami. Je gardai le silence