M. Brudnel est ici, elle ne s’inquiète pas comme aujourd’hui. Elle le sait bien, je ne veux pas qu’il apprenne que j’étouffe dans ma cage.
— Il faudra pourtant qu’il le sache ; mon devoir est de le lui dire.
— Je ne veux pas, moi !
— Qu’importe ?
— Ah ! nous sommes dans ces termes-là ! Eh bien, qu’importe en effet ? Nous allons nous marier, ma captivité va finir.
— Vous en êtes sûre ?
— Eh bien, et vous ?
— Moi, je n’en suis pas sûr. M. Brudnel vous chérit comme une enfant, mais il n’a pas l’air de vous regarder comme une personne.
— Oui ! je sais bien ! mais c’est sa faute, c’est lui qui m’a séquestrée comme cela et qui m’a empêchée de rien comprendre à la vie pratique. Après tout, qu’est-ce que cela fait ? Si je suis sérieusement malade, j’aime mieux ne pas le savoir. Voilà le potage demandé. Donne, donne, Dolorès, je serai très-bien après.
Je la regardai avaler lestement ce potage. Elle mangeait avec beaucoup de grâce, d’adresse et de propreté, sans appétit véritable, je l’avais souvent