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sir Richard. Si j’ai l’air un peu railleur par moments c’est que je ne comprends pas de telles confidences à un homme que vous ne connaissez pas du tout.

— Comment, s’écria-t-elle, nous vivons sous le même toit, M. Brudnel me parle de vous tous les jours comme de son meilleur ami, et je n’aurais pas besoin de votre estime quand je me dis que nous avons peut-être dix ans, peut-être toute la vie à passer ensemble près de lui ! Je vois bien qu’à moins que vous ne le quittiez, il ne se séparera jamais de vous et qu’il fera tout ce qui est humainement possible pour vous garder. Il faut donc que vous soyez mon ennemi ou mon ami, et, comme vous ne saviez rien de moi, il faut bien que je me fasse connaître avec mes malheurs, mes défauts et mes qualités, si j’en ai.

Forcé de répondre, je répondis :

— Jusqu’ici je n’ai pas lieu de vous être hostile. C’est tout le contraire. Ayez la bonté de continuer, je résumerai mes observations, si j’en ai à faire.

Manuela Perez reprit ainsi :

» — Au printemps de cette année-là, nous allions voyager encore lorsque sir Richard tomba gravement malade d’une fluxion de poitrine. Il m’avait si sérieusement défendu de venir jamais chez lui que je n’osai