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que j’ignore. M. Breton ne me dit jamais un seul mot qui pût me faire penser qu’il songeait à moi. Sir Richard ne se préoccupait donc plus de l’idée de me marier. Insensiblement il me sembla voir qu’il s’attachait à moi et que ma société lui était nécessaire à certaines heures. Il vint dans mon appartement, et Dolorès oublia plusieurs fois de s’y trouver. Il ne s’en aperçut pas ou ne voulut pas s’en apercevoir, et une douce intimité s’établit enfin entre nous, il ne craignit plus d’être seul avec moi, je l’avais apprivoisé par ma chaste confiance. L’année suivante, il me conduisit en Angleterre, où il reprit la vie du grand monde, et me donna un logement dans un autre quartier que celui de son hôtel. Tous les jours, il venait passer deux heures avec moi. Il n’était pas jaloux, et pourtant il me faisait surveiller par John, son valet de chambre, qu’il avait mis à mes ordres.

» Il put s’assurer de l’austérité de ma retraite et de l’innocence de mes occupations. Plusieurs fois il crut devoir me dire encore qu’il y avait peu d’apparence que nous fussions mariés, que sa sœur se portait mieux que lui, qu’il me garantissait ma liberté, et que, si je voulais en user, je n’avais qu’un mot à dire pour qu’il ne vînt plus me voir. Ma dot était toujours prête, car il avait assuré mon sort, quelque chose qui