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ment nerveux qui contrastait avec son indolence accoutumée.

— Vous lui redirez tout ; j’y consens, je le veux. Asseyez-vous, tenez ! Je veux rester debout, je suis si agitée ;… mais je dirai tout et je respirerai après. Je ne suis pas ce que l’on dit, je ne suis pas Française, je ne m’appelle pas Hélène, je suis Espagnole et je m’appelle Manuela Ferez.

Je ne sais pas si elle vit dans l’obscurité le coup que je reçus en pleine poitrine, mais elle fut effrayée de me voir bondir au milieu du salon comme si j’eusse été mordu aux jambes.

— Qu’est-ce donc ? dit-elle. Est-ce qu’on nous écoute ?

— Ce serait possible ; cette salle est immense, et on n’y voit pas.

— Venez dans mon boudoir. Là, on est-sûr de pouvoir parler et il y a de la lumière.

Elle ouvrit une porte et je la suivis machinalement comme un homme étourdi par une chute.

Elle referma la porte d’une petite pièce capitonnée, éclairée par une lampe, elle s’assit. Cette fois je voulus rester debout, et elle parla ainsi :

— Je suis née à Paris, je vous l’ai déjà dit. Ma mère était une honnête femme très-pauvre, abandonnée par