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lait cette jeune femme et le peu de souci qu’elle prenait de plaire à l’esprit. Elle me faisait l’effet d’une odalisque rieuse et joueuse, privée du sens de la réflexion. Je me promis de ne plus ressentir ce charme qui apparemment m’avait ressaisi en la retrouvant si affable, afin de n’être plus irrité par l’absence de tact et de mesure.

Dès les premières heures de notre association, je vis qu’il me serait très-facile d’isoler ma vie de la sienne. Sir Richard arriva et, charmé de me voir, m’embrassa paternellement ; puis il sortit avec moi, et nous ne rentrâmes que pour dîner ensemble à l’hôtel. Madame Brudnel prenait ordinairement ses repas seule et à d’autres heures. Après le dîner, nous eûmes un cigare à fumer et une heure de causerie. Sir Richard prenait le café, puis, tout aussitôt, une bouteille de vin de Bordeaux qu’il dégustait lentement ; mais il n’allait jamais au delà, voulant, disait-il, tenir le milieu entre les habitudes de la France et celles de son pays. Une heure juste après le dîner, sa montre consultée, il se levait et sortait.

— À présent, me dit-il, vous êtes libre. Je ne vous demande que de demeurer toujours dans la même maison que nous, — votre chambre y sera toujours retenue, — et de prendre vos repas avec moi. Quand