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— Ah ! je ne sais pas, répondit ma mère en soupirant ; que peut-on savoir de Jeanne ? Pars sans lui rien dire, cela vaudra mieux, et pars vite, pour que je n’aie pas le temps de faiblir.

— Dis-moi donc, lui demandai-je le lendemain, au moment de la quitter, comment il se fait que tu connaisses sir Richard Brudnel et qu’il ne m’ait point parlé de toi ?

— Parle-lui d’Adèle Moessart, il se souviendra probablement ; il ne m’a pas connue mariée, et n’a pas dû savoir le nom de ton père. Dis-lui… non, ne lui dis rien, cela lui rappellerait des choses pénibles. — Si ! au fait, parle-lui quand l’occasion s’en présentera, toutefois sans chercher à la faire naître, du château de Mauville ; note ses réponses et tu me les transmettras ; cela ne presse pas, mais cela n’est pas sans importance. Quelle singulière aventure que cette rencontre entre lui et toi !

— Voyons, explique-moi donc tes étonnements et tes réticences, cela commence à me tourmenter.

— Si c’était mon secret, je te le dirais tout de suite ; mais je dois me taire.

— Est-ce que cela concerne mon père ?

— Oh ! pas du tout ; cela ne te concerne pas non plus. Parle-lui du château de Mauville, on verra !