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— Non, je n’ai pas le droit de m’opposer à ton avenir, et puis…

— Et puis quoi ?

— Rien ; je me parlais à moi-même. Accepte, pars.

Elle se leva, prit ma tête sur son sein, la couvrit de baisers et de larmes, puis, me repoussant avec l’effort d’un grand courage :

— Pars demain, reprit-elle, et sans rien dire à ta sœur, qui ne sait pas comme moi résister à tout. Je me charge de lui faire comprendre que tu devais accepter.

— Si ma sœur et toi devez avoir tant de chagrin, j’hésite et me trouble. Allez-vous donc croire que je compte m’expatrier ? Avez-vous espéré que je pourrais me fixer près de vous ?

— Non ! nous n’avions pas d’illusion ; mais les femmes se flattent toujours qu’un miracle se fera en leur faveur.

— Eh bien, qui sait si le miracle ne se fera pas un peu plus tard ? Sois sûre que, si la Providence s’en mêle, je l’aiderai de tout mon pouvoir. Et puis, si Jeanne se décide à aimer mon cher Vianne, tu auras assez de bonheur pour attendre plus patiemment mon retour. Où en sont-ils ?