Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/100

Cette page n’a pas encore été corrigée

sonne aimable, bonne, désireuse de plaire et nullement coquette. Je remarquai qu’elle était aussi gracieuse avec ses porteurs qu’avec moi-même. La préoccupation ou plutôt l’entraînement continuel de son esprit semblait être une effusion de bienveillance. Elle avait de l’esprit naturel, ne cherchant pas à dissimuler son ignorance, questionnant et s’extasiant à propos de tout, une enfant curieuse, docile, excellente, adorable de soins et de grâce avec son vieux mari. Elle exhalait un parfum de candeur qui ne me permit pas de douter qu’elle ne l’aimât par-dessus tout. Il était si charmant lui-même qu’il n’y avait pas lieu de s’en étonner.

Elle parla peu à dîner ; elle était fatiguée et se retira aussitôt après. Le couple devait repartir le lendemain de bonne heure pour Bagnères-de-Bigorre. Je crus devoir prendre congé, M. Brudnel me retint.

— Permettez-moi, me dit-il, de causer encore un peu avec vous, docteur. J’ai quelques questions à vous adresser. Venez fumer un cigare avec moi sur le balcon.

Il me parla de sa santé.

— Je ne me préoccupe pas de moi outre mesure, dit-il en m’offrant le meilleur cigare que j’eusse fumé de ma vie ; mais, quand je m’en occupe, c’est pour décider quelque chose et me conformer sérieusement