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toutes ces calomnies, il en est quelques-unes qui m’ont blessée profondément, quelque habituée que je sois à tout supporter en ce genre ; et voici celles que je tiens à réduire à néant : L’accusation de jalousie littéraire ! Celle d’avoir été la cause d’une grave maladie, en suscitant à Alfred de Musset des chagrins antérieurs à cette maladie ; celle de l’avoir mal soigné, négligé, abandonné durant cette maladie ; de l’avoir affligé, menacé, chassé durant sa convalescence ; celle enfin de l’avoir rappelé et ramené à moi pour l’affliger et le menacer encore. Tout cela est odieux et stupide, et si étranger à mon caractère, si contraire à mes instincts, que je n’éprouve aucun besoin de m’en justifier durant ma vie. Il me semble que la plupart de mes contemporains se lèveraient pour me dire que c’est inutile, que l’œuvre de toute ma vie proteste contre la haine de quelques-uns, et que je n’ai rien à prouver devant la conscience publique. Mes contemporains ont su que si, à cause de lui, j’avais été mal jugée, à cause de moi, lui aussi, avait été accusé, parfois condamné. J’ai donc jugé à propos, pour lui comme pour moi, non de raconter notre histoire, mais de présenter,