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de Musset[1] était en train d’en faire sûre et discrète justice auprès des lettrés, quand la question, qu’on pouvait tenir pour résolue, s’est bruyamment rouverte dans la presse quotidienne. On sait ce qu’il en est advenu. Les « révélations » de certains journaux ont excédé le lecteur, le pagellisme l’a écœuré. Quant au fond du débat, qui devenait confus, il s’en est à peu près désintéressé, tout simplement. Musset fut-il un martyr ? George Sand fut-elle un bourreau ? N’y eut-il qu’une victime ? Y en eut-il deux ? Questions chaudement discutées d’abord, puis noyées dans la marée montante du reportage, puis abandonnées par lassitude. Déçu dans sa curiosité naturelle, rebuté par des scandales inattendus, le public n’a bientôt demandé qu’une chose, c’est qu’on lui laissât la paix, et qu’on la laissât aux morts, par surcroît.

Mais est-ce là un jugement ? Le dernier mot n’a pas été prononcé, le débat demeure ouvert. L’opinion s’est lassée, soit ; mais la fatigue est-elle une conclusion ?

Ce ne sera pas, croyons-nous, fatiguer

  1. Alfred de Musset, par Arvède Barine, Hachette, in-12, 1893.