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ACTE DEUXIÈME


LES CORDES D’OR




Scène PREMIÈRE. — une terrasse chez Albertus. HÉLÈNE, étendue sur des coussins, dort en plein air ; ALBERTUS s’approche avec précaution.


albertus. Voici l’heure où elle exhale son hymne au soleil levant… Elle repose encore… Caché là, sous ces lauriers-roses, je pourrai la voir et l’entendre à mon aise… Quand elle se croit seule, elle tire de sa lyre des mélodies plus étranges… Ô femme inexplicable ! créature sans égale, ou du moins sans analogue sur la terre ! quel lien mystérieux unit donc ta destinée à celle de cet instrument de musique ? Pourquoi le tiens-tu ainsi embrassé pendant ton sommeil, comme une mère craignant qu’on ne lui ravisse son enfant ? Que tu es belle ainsi, ignorante de ta beauté ! Hélène ! Hélène ! je ne profane point ton chaste sommeil par des regards de convoitise ! Ta forme est belle, à ce que disent les autres ; mais je n’en sais rien. Si j’admire ton front, et tes yeux, et ta longue chevelure, c’est parce qu’à travers ces signes extérieurs, qu’on