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les sept cordes de la lyre

méphistophélès. Il y tenait tant, que, lorsque vous faisiez mine d’y toucher, il entrait dans une colère épouvantable.

hélène. C’est la vérité.

méphistophélès. Et, un jour, la curiosité l’emportant sur l’obéissance, vous osâtes y porter la main.

hélène. Oh ! vous me rappelez un souvenir qui s’était effacé, et qui me tourmentait pourtant comme un remords. La lyre rendit un son terrible… Je crois l’entendre encore.

méphistophélès. Et votre père entra au même instant dans la chambre, avec un geste menaçant et un regard furieux.

hélène. Je tombai évanouie, et, depuis, j’ai été malade bien longtemps et bien dangereusement, à ce qu’on dit.

méphistophélès. Oui, vous avez été folle.

hélène. Folle ! oh ! que dites-vous là ? Folle ! Mais c’est affreux ! On ne m’a jamais dit que j’eusse été folle !

méphistophélès. Je vous demande pardon si j’ai manqué à la galanterie ; mais il n’est pas étonnant que vous soyez folle : monsieur votre père était fou.

hélène. Ce n’est pas vrai, vous êtes un méchant homme et un imposteur.

méphistophélès. Demandez à maître Albertus, à Wilhelm, que vous avez refusé d’épouser, à M. Hanz, qui vous fait la cour… et à M. Carl, qui ne vous déplaît peut-être pas.

hélène. Vous êtes un insolent.

méphistophélès. Ne nous fâchons pas. Votre père était monomane, voilà tout. Très-judicieux sur tout le reste, il extravaguait sur son aïeul Adelsfreit,