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les sept cordes de la lyre

écouter le motif de ma visite aujourd’hui. J’ai une affaire à vous proposer.

hélène. À moi, monsieur ? Veuillez revenir quand maître Albertus aura fini sa leçon ; il est mon tuteur.

méphistophélès. J’aime mieux en causer avec vous, car cela ne regarde que vous. Je veux vous acheter votre héritage.

hélène. Vous plaisantez, monsieur ? Je n’ai pas d’héritage ; mon pauvre père est mort ruiné. Toutes ses dettes ont été payées ; il ne m’est rien resté du tout.

méphistophélès. C’est bien malheureux !

hélène. Oh ! je vous assure que cela m’est fort égal.

méphistophélès. Mais, moi, je n’en puis dire autant ; j’ai été extrêmement frustré dans cette banqueroute.

hélène. Il n’y a pas eu de banqueroute, monsieur ; mon père a laissé de quoi payer tout ce qu’il devait.

méphistophélès. En ce cas, votre tuteur voudra bien me solder une petite créance de cinq cents sequins, dont j’apporte la reconnaissance. Cette dette n’a pas été acquittée.

hélène. Juste ciel ! Et comment faire ? Il ne me reste rien ! Donnez-moi du temps, monsieur, je travaillerai.

méphistophélès. Vous travaillerez ! Et que savez-vous faire, ma belle enfant ?

hélène. Hélas ! rien ; mais j’apprendrai, j’aurai du courage. Oh ! maintenant, je sens le prix de l’éducation.

méphistophélès, ricanant. Vous apprendrez la phi-