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le dieu inconnu

avec des prodiges ? dit le prêtre se parlant à lui-même plutôt qu’à la dame romaine.

— Fais-le ! s’écria-t-elle, et je me prosternerai.

— Non, répondit Pamphile, car ton âme est dans les liens de l’erreur, et ce n’est pas encore la voix du Ciel qui t’appelle à la conversion ; c’est celle de tes passions, et elles luttent trop encore pour que tu entendes la voix de Dieu. Écoute, femme : retourne chez toi, efforce-toi d’oublier l’homme qui t’a offensée, et vis dans la continence. Condamne-toi à la solitude, à la retraite, à la douleur ; offre à Dieu tes souffrances et tes ennuis, et ne te lasse pas de les supporter. Lorsque tes souffrances te sembleront au-dessus de tes forces, n’invoque ni Vesta ni Vénus, oublie ces fantômes ; mets-toi à genoux et regarde le ciel où règne le Dieu vivant ; alors, tu diras ces paroles : « Vrai Dieu ! fais que je te connaisse et que je t’aime, car je ne veux connaître et aimer que toi. »

— Et alors, quel miracle fera-t-il en ma faveur ? dit la Romaine avec étonnement.

— La vérité descendra dans ton cœur, l’amour divin relèvera ton courage, le calme renaîtra dans tes sens, et tu seras consolée.

— À jamais ?

— Non ; l’homme est faible et ne peut rien sans un continuel secours d’en haut. Il faudra prier toutes les fois que tu seras affligée.

— Et je serai consolée chaque fois ?

— Si tu pries avec ardeur et sincérité.

— Et je serai chrétienne ? dit Léa avec inquiétude. Mon époux me dénoncera et m’enverra à la mort !

— Ces persécutions s’affaibliront, et le Christ triomphera, dit Pamphile. En attendant, ne crains