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le dieu inconnu

bracelets d’or à la patrie et qui ne portaient que des héros dans leurs flancs. La Luxure s’est couchée sur les places publiques, et tout un sexe a été la relever pour la porter en triomphe, sous les yeux des femmes honnêtes. Si ton peuple est fidèle aux vertus antiques, si ta loi force les cœurs à la fidélité et les reins à la continence, foudroie donc cette ville impure, ô Galiléen ! et fais-y régner une race nouvelle. Je t’ai dit les horreurs de nos destinées, réponds-moi par la bouche de ton prêtre. Qu’un oracle me console ou m’enseigne. S’il faut, pour me guérir de l’ennui et de la colère qui me dévorent, invoquer la magie, assister à d’épouvantables sacrifices, boire les poisons de l’Érèbe, je le ferai plutôt que de retourner sans espérance à ma couche solitaire et aux tortures de ma vengeance impuissante. — J’ai parlé à ton Dieu ; maintenant, prêtre, réponds pour lui. N’avez-vous point une sibylle pour le consulter ? Ah ! si vous connaissez un philtre pour inspirer l’amour aux hommes, ou pour l’éteindre dans le cœur des femmes, donnez-le-moi, je le boirai jusqu’à la dernière goutte, dût-il porter dans mes entrailles les angoisses de la mort. Réponds, vieillard, quelle hécatombe faut-il offrir sur tes autels ? Doutes-tu de mes richesses ? doutes-tu de mon serment ? J’immolerai à ton Christ tous les troupeaux de mes domaines ; je lui enverrai tous les vases d’or de mon palais. Veux-tu mes ornements, les bandelettes de mon front, les pierreries de ma chaussure ? On dit que vous acceptez les dons du riche pour les distribuer aux pauvres, et que ces dons rendent vos dieux propices. Je ferai tout pour acquérir le trésor de l’amour, ou celui de l’oubli.

— Femme infortunée, répondit Pamphile, ce que