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et aucun dieu n’existe devant lui. Apprenez sa parole, étudiez sa loi, et vous saurez qu’il y a dans sa miséricorde des trésors plus grands que dans toutes les vanités de la terre.

— Faut-il donc, reprit la femme, que j’étudie vos mystères pour pouvoir faire une demande à votre Dieu, et ne me l’accordera-t-il pas tant que je n’y serai point initiée ? Alors, adieu, car mon train de vie ne me laisse pas le temps d’entendre vos prédications ; et, d’ailleurs, je serais persécutée à mon tour. Je pensais qu’en venant faire une offrande ici, j’obtiendrais une réponse quelconque, et m’en retournerais peut-être avec un peu d’espoir ; mais, puisqu’il est défendu aux prêtres de votre loi de recevoir les prières des païens, je m’en vais implorer encore Vénus pour qu’elle me rende la volupté, ou Vesta pour qu’elle m’enseigne la continence.

— Arrête, lui dit Pamphile avec douceur, il m’est défendu de présenter à mon Dieu des demandes folles ou coupables ; il m’a semblé que tu te plaignais du ravage des ans et de la fuite des amours profanes. La parole du Christ nous enseigne que la beauté de l’âme et l’amour pur sont sa seule beauté, le seul amour agréable au Seigneur. Mais, si j’ai bien compris tout ce que tu as dit, je vois que tu souffres du mal qui tourmente ta nation, c’est-à-dire le dégoût, l’ennui de mal faire ; tu implores à la fois les divinités fabuleuses qui, selon vous, président aux dons les plus contraires, la pudicité, la luxure, la science, la fierté, l’égarement, la sagesse. Ce que tu veux, tu ne le sais pas ; ce qui pourrait te guérir, tu l’ignores, et, je te le dis, tu ne me comprendras pas, car les instants sont comptés, tu ne veux passer ici