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le dieu inconnu

Dieux et déesses, vous êtes-vous assez enivrés en silence de la fumée de mes sacrifices ! ma plainte a-t-elle assez longtemps monté vers vous ! N’est-il pas bien temps que quelque divinité m’assiste et me console ! Qu’elle vienne du nord ou de l’orient, ou des provinces de l’Afrique, où l’on dit que les dieux sont noirs, ou de chez les Hébreux, qui n’ont qu’un seul dieu, toujours le même, à ce qu’on m’a raconté, pourvu que je sois exaucée, je lui offrirai les holocaustes les plus beaux, et je n’épargnerai à ses prêtres ni les honneurs ni les dons. Parle donc, ô vieillard, et demande à tes oracles si le Dieu des Galiléens peut l’emporter en puissance ou en bonté sur les nôtres, car ils sont devenus sourds !

— Femme, répondit Pamphile, nous ne recevons pas de présents, et nous ne rendons pas d’oracles.

— Comment donc servez-vous votre Dieu, reprit Léa, et à quoi vous sert-il ?

— Il nous a enseigné sa parole, mais il n’habite pas le flanc des vaines idoles. Il n’a pas besoin d’offrandes terrestres ; celle qu’il demande, c’est l’amour et le culte des cœurs fidèles. Et, quant à ses prêtres, eux et tous ceux qui adorent le Christ ont fait vœu de pauvreté et d’humilité.

— Vous ne lui demandez donc jamais rien, et il n’a donc rien à vous accorder ? Peut-être est-il comme le Destin, qui commande à tous les dieux, mais qui ne peut rien changer à ce qu’il a une fois décidé, quelque prière qu’on lui adresse ?

— Notre Dieu nous écoute et nous exauce, et, pour parler votre langage, afin de me faire comprendre, je vous dirai que le Destin lui obéit comme l’esclave à son maître. C’est sa volonté qui régit l’univers,