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carl

réponse, je me mis à descendre avec précaution ce sentier effrayant et presque impraticable, dont nous avions parcouru la moitié sans crainte au milieu des ténèbres, et dont maintenant la clarté de la lune me révélait toute l’horreur.

À mesure que j’avançais, l’entreprise devenait si difficile, que je faillis y renoncer. Chaque fois que j’arrivais à une des terrasses naturelles de la montagne, je me reposais, j’avalais un peu de grog et je remplissais de nouveau le ravin de mes cris. Le bruit de la cataracte grossissait toujours davantage, et ma vaine recherche me remplissait d’épouvante ; je me reprochais amèrement d’avoir exposé mon pauvre serviteur à parcourir seul cette route affreuse, et je commençais à me persuader qu’il avait dû nécessairement rouler dans les abîmes. Je n’espérais plus le retrouver vivant. Je n’avais plus la force de l’appeler ; je marchais courbé vers la terre, m’attendant sans cesse à heurter son cadavre. Toutes mes émotions puériles, toutes mes terreurs superstitieuses avaient fait place à une douleur réelle, à une angoisse profonde. Quelle fut donc ma surprise et ma frayeur lorsque, au moment où je jouissais de toute ma raison, j’entendis distinctement dans la région que je venais de parcourir, à environ cent toises au-dessus de moi, une voix pure chanter plus distinctement encore que la première fois :


\relative c''{
\key des \major
des4 f2 (f8.) des16
des8. c16 ees8. bes16 bes4 aes8 \bar "||"
}
\addlyrics {
Ô Dieu que ta puissance est gran- de.
}

— Ô mon Dieu ! m’écriai-je, si tu permets que l’âme