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me voilà pour ne plus vous quitter tant que vous serez malade.

— À la bonne heure, Thérence, lui dis-je en soupirant : c’est plus que je ne mérite. Fasse donc le bon Dieu que je ne guérisse point, car je ne sais ce que je deviendrais après.

— Après ? dit le grand bûcheux, qui venait d’entrer avec Huriel et Brulette. Voyons, ma fille, que ferons-nous de lui après ?

— Après ? dit Thérence, rougissant en plein pour la première fois.

— Allons ! allons ! Thérence la sincère, reprit le grand bûcheux, parlez comme il convient à la fille qui n’a jamais menti.

— Eh bien, mon père, dit Thérence, après, je ne le quitterai pas davantage.

— Ôtez-vous de là ! m’écriai-je, fermez les rideaux, je me veux habiller, lever, et puis sauter, chanter et danser ; je ne suis point malade, j’ai le paradis dans l’âme… Mais, disant cela, je retombai en faiblesse, et ne vis plus que dans une manière de rêve, Thérence, qui me soutenait dans ses bras et me donnait des soins.

Le soir, je me sentis mieux ; Joseph était déjà sur pied, et j’aurais pu y être aussi, mais on ne le souffrit point, et force me fut de passer la veillée au lit, tandis que mes amis causaient dans la chambre, et que ma Thérence, assise à mon chevet, m’écoutait doucement et me laissait lui répandre en paroles tout le baume dont j’avais le cœur rempli.

Le carme causait avec Benoît, tous deux arrosant la conversation de quelques pichets de vin blanc, qu’ils avalaient en guise de tisane rafraîchissante. Huriel causait avec Brulette en un coin ; Joseph avec sa mère et le grand bûcheux.

Or Huriel disait à Brulette :

— Je t’avais bien dit, le premier jour que je te vis, en te montrant ton gage à mon anneau d’oreille : « Il y