Page:Sand - Les Maitres sonneurs.djvu/420

Cette page n’a pas encore été corrigée

dit-elle, et pouvez le laisser à son humeur, qui est de cornemuser sans y chercher de profit. Il n’a pas besoin de ça, Dieu merci, et n’a pas, d’ailleurs, la poitrine assez forte pour faire état de ménétrier. Allons, Joseph, remercie-les de l’honneur qu’ils te donnent et ne les chagrine point dans leurs intérêts. Que ce soit une convention vitement réglée, et voilà mon homme qui en fera les frais, avec un bon quartaut de vin d’Issoudun ou de Sancerre, au choix de la compagnie.

— À la bonne heure, répondit le vieux Carnat. Nous voulons bien que la chose en reste là. Ce sera le mieux pour votre garçon, car il ne faut être ni sot ni poltron pour se frotter aux épreuves, et m’est avis que le pauvre enfant n’est point taillé pour y passer.

— C’est ce que nous verrons ! dit Joseph, se laissant prendre au piége, malgré les avertissements que lui donnait tout bas le grand bûcheux. Je réclame les épreuves, et comme vous n’avez pas le droit de me les refuser, après m’avoir délivré le brevet, je prétends être ménétrier si bon me semble, ou, tout au moins, vous prouver que je n’en serai empêché par aucun de vous.

— Accordé ! dit le doyen, laissant voir, ainsi que Carnat et plusieurs autres, la méchante joie qu’ils y prenaient. Nous allons nous préparer à la fête de votre réception, l’ami Joseph ; mais songez qu’il n’y a point à en revenir, à présent, et que vous serez tenu pour une poule mouillée et pour un vantard si vous changez d’avis.

— Marchez, marchez ! dit Joseph. Je vous attends de pied ferme.

— C’est nous, lui dit Carnat près de l’oreille, qui vous attendrons au coup de minuit.

— Où ? dit encore Joseph avec beaucoup d’assurance.

— À la porte du cimetière, répondit tout bas le doyen ; et, sans vouloir accepter le vin de Benoît ni