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ma fille, il t’en faut, suivant l’usage, attacher un brin sur ta coiffe !

— Mais non, répondit Thérence ; cela pourrait fâcher quelque fille du pays, et je ne veux point que ce bon Tiennet ait à se repentir pour m’avoir fait une honnêteté.

— Oh ! ça ne fâchera personne, m’écriai-je ; et si ça ne vous fâche point vous-même, ça me contentera grandement.

— Soit ! dit-elle, en cassant une petite branche de mes fleurs qu’elle s’attacha d’une épingle sur la tête. Nous ne sommes ici qu’au Chassin, Tiennet ; si nous étions en votre endroit, j’y ferais plus de façons, crainte de vous brouiller avec quelque payse.

— Brouillez-moi avec toutes, Thérence, je ne demande pas mieux !

— Pour cela ? dit-elle, ce serait aller trop vite. Quand on dépouille son prochain, il faut le dédommager, et je ne vous connais pas assez, Tiennet, pour dire que nous y gagnerions tous les deux. Puis, détournant ce propos avec l’oubli d’elle-même qu’elle faisait si naturellement :

— C’est à ton tour, mignonne, dit-elle à Brulette ; quel remercîment vas-tu faire de ces deux mais, et dans lequel choisiras-tu ton fleuron ?

— Dans aucun, si je ne sais d’où ils me viennent ; répondit ma prudente cousine. Parlez donc, Huriel, et m’empêchez de faire une méprise.

— Je ne peux rien dire, dit Huriel, sinon que voilà le mien.

— Alors, je le prends tout entier, fit-elle en le détachant ; et quant à ce bouquet de rivière, m’est avis qu’il se déplaît bien, pendu à ma porte. Il se trouvera mieux dans le fossé.

Parlant ainsi, elle orna sa coiffe et son corsage des fleurs d’Huriel, et après avoir serré le restant dans sa chambre, elle se disposait à jeter l’autre dans le reste