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manger, et on aurait dit qu’il avait juré de rassasier Brulette de son meilleur divertissement ; mais, au fond, je voyais bien qu’il y prenait son propre plaisir, et qu’il aurait fait le tour de la terre sur un pied, pourvu que cette légère danseuse fût à son bras.

À la fin, plusieurs garçons, ennuyés d’être refusés par Brulette, observèrent qu’il y avait un étranger bien favorisé d’elle, et on commença d’en causer autour des tables. Il faut vous dire que Brulette, qui ne s’était pas attendue à se tant divertir, et qui avait un peu de mépris dorénavant pour tous les galants des environs, à cause du mauvais comportement de leurs langues, ne s’était point mise dans de grands atours. Elle avait plutôt l’air d’une petite nonne que de la reine de chez nous ; et, comme il y avait là de grandes toilettes de gala, elle n’avait pas fait les beaux effets du temps passé. Cependant, quand elle se fut animée à la danse, force fut de se rappeler que nulle ne pouvait lui être comparée, et ceux qui ne la connaissaient point ayant questionné ceux qui la connaissaient, il en fut dit du mal et du bien autour de moi.

J’y prêtai l’oreille, voulant en avoir le cœur net, et ne donnai point à connaître qu’elle était ma parente. Alors j’entendis revenir l’histoire du moine et de l’enfant, de Joseph et du Bourbonnais, et il fut dit que ce n’était peut-être pas Joseph l’auteur du péché, mais bien ce grand garçon si empressé auprès d’elle et paraissant si sûr de son fait qu’il ne souffrait personne autre s’en approcher.

— Eh bien, dit l’un, si c’est lui et qu’il vienne à réparation, mieux vaut tard que jamais.

— Ma foi, dit un autre, elle n’avait pas mal choisi. C’est un gars superbe et qui paraît très-bon enfant.

— Après tout, dit un troisième, ça fera un beau couple, et quand le prêtre y aura passé, ça sera aussi bon qu’un autre ménage.