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Brulette fut embarrassée, trouvant que ce garçon était bien pressé de la faire expliquer, et n’osant cependant pas revenir à ses petits airs dégagés d’autrefois, tant elle craignait de le voir se dépiter ou se décourager encore. Mais Thérence essaya de la retirer de sa peine en faisant reproche à Huriel d’en trop demander pour le premier jour.

— Tu as raison, sœur, répondit-il. Et pourtant je ne puis me comporter autrement. Écoutez, Brulette, et pardonnez-moi. Il faut que vous me promettiez de n’avoir pas d’autre danseur que moi à cette fête, ou je n’irai point.

— Eh bien, voilà un drôle de garçon ! dit ma tante qui était une petite femme gaie et prenant tout pour le mieux. Je vois bien, ma Brulette, que c’est un galant pour toi, et m’est avis qu’il n’en tient pas à moitié ; mais apprenez, mon enfant, dit-elle a Huriel, que ce n’est pas la coutume de notre pays de tant montrer ce qu’on pense, et qu’on ne danse ici plusieurs fois de suite qu’avec une fille dont on a, en promesse, le cœur et la main.

— C’est ici comme chez nous, ma bonne mère, répondit Huriel, et cependant il faut qu’avec ou sans promesse de son cœur, Brulette que voilà me fasse promesse de sa main pour toute la danse.

— Si cela lui convient, je ne l’empêche pas, reprit ma tante. Elle est raisonnable, et sait très-bien se conduire ; mais j’ai devoir de l’avertir qu’il en sera beaucoup parlé.

— Frère, dit Thérence, je crois que tu deviens fou. Est-ce comme cela qu’il faut être avec cette Brulette que tu connais si retenue, et qui ne t’a pas encore donné les droits que tu réclames ?

— Oh ! que je sois fou, qu’elle soit retenue, tout cela se peut, dit Huriel ; mais il faut que ma folie ait raison et que sa retenue ait tort aujourd’hui, tout de suite. Je ne lui demande rien autre chose que de me