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— Eh ! ma mie, lui répondis-je, je ne sais où tu prends ce que tu dis et ce que tu penses. Je ne t’ai fait aucun reproche, et je n’en ai à te faire que sur l’entêtement où te voilà d’élever toi-même ce vilain gars. Voyons, veux-tu que je fasse écrire à ce carme, ou que je l’aille trouver, pour qu’il lui cherche une autre famille ? Je sais où est son couvent, et j’aime mieux encore faire un voyage que de te voir condamnée à de pareilles galères.

— Non, non, Tiennet, dit Brulette, il ne faut pas seulement penser à changer ce qui est convenu. Mon père a promis pour moi, et j’ai dû l’approuver. Si je pouvais le dire… mais je ne le peux pas. Sache seulement une chose, c’est que l’argent n’est pour rien dans le marché, et que, ni mon père ni moi, ne voudrions accepter un denier en payement du devoir qui nous est commandé.

— Voilà que tu m’étonnes de plus en plus. À qui donc cet enfant ? c’est donc à des personnes de votre parenté ? de la mienne, par conséquent ?

— Ça se peut, dit-elle. Nous avons de la famille au loin d’ici. Mais prends que je ne te dis rien, car je ne le peux ni ne le dois. Seulement laisse croire que ce marmot nous est étranger et que nous en sommes payés. Autrement les mauvaises langues accuseraient peut-être des personnes qui ne le méritent point.

— Diantre ! lui dis-je, tu me mets le marteau dans la tête ! J’ai beau chercher…

— Justement, il ne faut pas chercher. Je te le défends ; quand même, je suis sûre que tu ne trouverais rien.

— À la bonne heure ; mais alors, tu vas donc te mettre en sevrage de divertissements comme ce gars est en sevrage de nourrice ? Le diable soit de la parole de ton grand-père !

— Mon grand-père a bien agi, et si je l’avais contredit, j’aurais été une sans cœur. Aussi, je te répète