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choses tristes et qui me donnaient un restant d’inquiétude. Je vis cependant qu’il était sur ses gardes aussi bien que moi, car il ne me dit pas un mot devant Brulette et Joseph, qui pût faire croire que nous nous étions vus ailleurs qu’à la fête, et que lui ou moi en savions plus long que bien d’autres sur ce qui s’y était passé.

C’était un homme agréable et d’humeur joviale qui m’aurait pourtant diverti dans un autre moment ; mais j’étais pressé d’arriver et de me trouver seul avec lui, pour lui demander s’il avait eu, de son côté, quelque nouvelle de l’aventure. À l’entrée du bourg, Joseph sauta à terre, et, quelque chose que Brulette pût lui dire pour le faire venir se reposer chez son père, il prit le chemin de Saint-Chartier, disant qu’il viendrait saluer le père Brulet quand il aurait vu et embrassé sa mère.

Il me sembla que le carme l’y poussait comme à son premier devoir, mais avec l’envie de le faire partir. Et puis, au lieu d’accepter l’offre que je lui fis de venir souper et coucher en mon logis, il me dit qu’il s’arrêterait seulement une heure en celui du père Brulet, à qui il avait affaire.

— Vous serez le bienvenu, lui dit Brulette ; mais connaissez-vous donc mon grand-père ? Je ne vous ai encore jamais vu chez nous ?

— Je ne connais ni votre endroit, ni votre famille, répondit le moine ; mais je suis pourtant chargé d’une commission que je ne peux dire que chez vous.

Je revins à mon idée qu’il avait, dans son panier, des dentelles ou des rubans à vendre, et qu’ayant ouï dire, aux environs, que Brulette était la plus pimpante de l’endroit, outre qu’il l’avait vue très-requinquée à la fête de Chambérat, il souhaitait lui montrer sa marchandise, sans s’exposer à la critique, qui, dans ce temps-là, n’épargnait guère ni bons ni mauvais moines.

Je pensai que c’était aussi l’idée de Brulette, car, lors-