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vii
Préface

1830 pour la manière de Walter Scott se retrouve ici. C’est un roman romantique, avec exagération des types et étrangeté des personnages ; c’est un roman à tendances socialistes, ou tout au moins démocratiques, par la présence très-significative du « Bonhomme Patience » et l’importance donnée à ce personnage ; et c’est enfin un roman rustique, par les paysages si multipliés et si amoureusement travaillés qui y sont tracés.

Plus tard, dans ses romans à thèses et à tendances sociologiques, George Sand se montrait encore et toujours rustique par le cadre dans lequel elle plaçait ses histoires et ses personnages. C’est au sein de la nature que les interlocuteurs qu’elle suppose, échangent leurs idées sur la meilleure des Républiques et les transformations désirables de l’état social.

Ainsi donc, quand, en 1850, George Sand fut libérée, pour ainsi parler, de l’influence romantique, qui n’avait plus de force et de l’influence politique, qui avait été si longtemps toute puissante sur elle, et que désormais elle écartait, elle resta, en quelque sorte, seule avec elle-même ; et qu’était-elle en soi ? Une paysanne qui avait du génie.

Aussi bien la campagne, et particulièrement la campagne du Berri, sa campagne, avait toujours été comme sa consolation, comme son recours et comme son refuge. Vers 1834 ou 1835 c’est dans son village qu’elle se terrait pour oublier les orages et les douleurs de la passion, ou pour s’en distraire ; tout de même, en 1850 c’est là qu’elle rentrait comme au port pour se consoler ou se divertir des tempêtes et des naufrages de la politique. Venant au roman rustique après le roman romantique et le roman socialiste, George Sand rentrait chez soi et rentrait en soi. « Que me restait-il ? — Moi, »