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porté dans la rivière, j’avais été mouillé au point que les papiers que j’avais sur moi avaient été anéantis.

J’avais eu tort de m’inquiéter. Le comte se montra très-content de l’aventure.

— J’espère, me dit-il, que vous ne me trompez pas ; mais, quoi qu’il en soit et quoi qu’il arrive, jurez-moi sur votre salut éternel et par le nom du Christ que jamais vous ne produirez cette pièce en faveur de l’enfant étranger.

Je le jurai par l’amour que je portais au fils légitime.

— Vous n’avez pas hésité, reprit-il. Je vois que vous êtes revenu de vos illusions sur la vertu… Il faillit dire : de ma femme, mais il se reprit par sentiment des convenances et dit : des femmes. Je ne répondis rien, j’étais trop convaincu de la faute de madame pour protester, mais j’avais trop d’attachement pour elle pour l’accuser. Je me renfermai dans le silence.

— À présent, reprit-il, réglons le sort du fils de M. de Salcède. Son père l’ayant pour ainsi dire avoué, cet enfant n’a plus besoin de moi, et j’espère que vous ne faites plus rien pour lui.

— Pardon, monsieur le comte, et même je vais vous demander de faire davantage.

Et je lui exposai mon plan. Il l’écouta avec beaucoup de lucidité, l’approuva et me fit prendre quarante mille francs dans son secrétaire, afin