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l’agriculture pastorale du pays. Il l’a seulement améliorée, et, comme il n’a point d’enfants de son mariage, il compte, d’accord avec la marquise, laisser cette grande fortune aux enfants d’Espérance et de Roger.

Roger n’a hérité que de la moitié des biens sur lesquels il avait compté. Il en a pris bravement son parti, et, à la grande surprise de tous, il n’a pas mené la vie de plaisir et d’enivrement que l’on redoutait pour lui. L’amitié ardente qu’a su lui inspirer Espérance Michelin a marqué pour lui une époque de transformation. Il a longtemps cru que son frère accepterait le partage de sa fortune. L’obstination héroïque et un peu étrange de celui-ci à rester dans l’heureuse médiocrité l’a frappé si vivement qu’il a pris en dégoût la vie de désordre et de paresse. Il a gardé près de lui M. Ferras et n’a pas voulu faire un grand mariage, il a choisi selon son cœur. Il quitte peu sa mère et l’entoure de soins, il la suit avec sa famille dans les fréquents voyages qu’elle fait à Montesparre et à Flamarande. Espérance a si bien arrangé le donjon et le pavillon qu’il y a place pour tout le monde, le père Michelin ayant été vivre dans sa propriété personnelle avec sa famille, qui est aussi dans l’aisance. Michelin est fier d’entendre appeler sa fille la jeune dame de Flamarande, et on prétend qu’il signe quelquefois de Michelin pour illustrer son gendre.